La littérature est un programme comme les autres.

Le littéraire, bien au-delà de l’inspiration (ou en deçà, c’est selon le point de vue), met en œuvre un ensemble complexe de processus dont la finalité est de traiter un ensemble tout aussi complexe de données. L’analogie peut sembler provocatrice ; elle peut même être hérétique aux yeux de celles et ceux, nombreux encore en ce siècle malgré les avancées théoriques du précédent, pour qui l’art est avant tout, voir exclusivement, expression. Mais l’idée formulée ici n’est pas neuve, loin s’en faut. Les auteur.e.s ne manquent pas qui l’ont exprimée depuis plusieurs décennies. En des termes différents, et avec moultes nuances et variations, c’est la vision du littéraire comme opération, comme fabrique, comme production de forme et de sens. L’analogie supposée ici entre la littérature et l’informatique + n’en est qu’une extrapolation à peine caricaturale. Voir les choses sous cet angle, c’est adopter une posture évolutionniste, pourrait-on dire : en matière littéraire comme en (presque) toutes autres, le virage numérique est pris. Cela ne change pas l’essence de l’objet même si cela en modifie les conditions d’existence et de réalisation. Et il y a bien là un programme d’écriture : de quoi au moins produire un octet + de textes brefs, subjectifs et néanmoins motivés sur l’alliance de moins en moins contingente du littéraire et du numérique.